Histoire de la guerre 1914-1918

Considérées comme un front secondaire pendant la Grande Guerre, les Vosges ont pourtant été le théâtre d’une multitude de combats acharnés, entre 1914 et 1918. Chaque sommet ou chaque col devenait alors l’enjeu d’une lutte sans merci, dans laquelle chasseurs alpins et Poilus ont payé un très lourd tribu. Face aux contraintes du milieu vosgien, le soldat ne s’est pas fait seulement terrassier ; il s’est fait bûcheron et montagnard, donnant à la guerre des tranchées des caractéristiques tout à fait originales.

La guerre de 1870 ramena la frontière franco-allemande aux cols de Prayé, du Hantz et de Saales. La paix revenue, il n’est question que de revanche dans les milieux nationalistes. Aussi, pour la préparer, on réforme la militarisation de la France et l’on installe au plus près de la frontière des bataillons de Chasseurs à Pied, premières unités à défendre le territoire en cas de conflit. Le 30 septembre 1913, le 1er B.C.P. fait son entrée triomphante dans Senones.

Le 2 août 1914, c’est la déclaration de guerre. Aux espoirs générés par les premières victoires en Alsace reconquise, et notamment par la conquête du premier drapeau ennemi par le 1er B.C.P., succèdent les heures sombres de la retraite. Les troupes françaises, qui avaient passé triomphalement les cols en jetant à terre les poteaux frontières, refluent, talonnées par les Wurtembergeois, les Saxons ou les Bavarois, qui descendent sans frein les vallées du Rabodeau et du Hure. Les derniers jours d’août marqueront les temps les plus noirs de l’Histoire de nos villages.

La genèse du secteur

Un secteur géographique particulier

Ce lieu est très stratégique : relief accidenté, peu boisé et peu cultivé, parcouru de ruisseaux rapides.

L’Ormont qui domine la région (850m d’altitude) est difficilement accessible pour des troupes (pentes rapides, couvertes de gros blocs de grès).

Un pareil ensemble de défenses naturelles est d’une importance stratégique indéniable :

-aux Allemands, il donnerait la maîtrise de la vallée de la Meurthe, tout en interdisant complètement l’accès de la frontière

-aux Français, il permet de barrer la route à l’ennemi vers l’ouest

La guerre dans notre région

Après les victoires éclair de l’armée française, le 25 août, les fantassins du 99ème bavarois entrent dans Senones. Malgré quelques combats sporadiques, parfois terribles comme sur le plateau d’Ortomont où trouveront la mort 126 soldats français du 99ème R.I. et du 54ème R.A., rien n’arrête l’ennemi dans sa progression. Les premières heures d’occupation de nos cités sont terribles, entre incendies et prises d’otages. Senones et les communes du haut des vallées s’apprêtent à vivre 1 543 jours sous le joug allemand.

Dès lors, Senones subit la dure réalité de l’occupation :

– couvre feu

– appel journalier obligatoire pour les hommes de 17 à 60 ans

– carte de ravitaillement (seulement 150g de pain par jour et par personne)

– travail forcé pour les Senonais, en forêt et dans les zones bombardées

– contribution de la ville à la guerre : 300 000 F

Très vite, les Senonais souffrent de la faim. Une aide alimentaire arrive à Senones grâce à Constant Verlot, alors député maire de Saint Dié, et un soutien américain.

La municipalité organise plusieurs convois d’habitants afin de les évacuer de la zone de combat. A l’occasion de l’un de ces convois, des senonais seront accueillis par les habitants de Marchin (Belgique). 

A Moyenmoutier, la panique est exacerbée par le bombardement que subit la ville avant l’arrivée de l’ennemi. Les habitants qui ne s’enfuient pas se terrent dans les caves ou les souterrains mais bien des civils périront ce 26 août sous les obus. Les premiers cavaliers allemands entrent dans la ville, l’épée dans les reins, les combattants français se replient derrière la Meurthe. Les ultimes combats ont fini d’ensanglanter la Roche Saint-Blaise et la vallée de Ravines voit s’éteindre les dernières fumées des obus qui ont anéanti les héroïques compagnies des 75ème et 140ème R.I. L’occupant s’installe, réquisitionne, pille, menace et assassine parfois, tel Paul Charles Rochatte, fusillé le 28 août dans les jardins de la mairie.

La Meurthe passée, la défense se poursuit, pied à pied, dans les villages de la combe de Nompatelize. On se bat dans Etival, dans Saint-Rémy et ce qui reste des régiments exsangues finit par se replier sur la ligne col du Haut-Jacques – col de la Chipotte où les combats vont se fixer, terribles, jusqu’au 12 septembre 1914. Vaincus ici comme en Lorraine et sur la Marne, les Allemands reculent alors, mollement poursuivis par les Français, épuisés. Après avoir évacué les villages de la rive gauche de la Meurthe, ils remontent vers la frontière, abandonnent Hurbache, Denipaire, Saint-Jean-d’Ormont, Moyenmoutier puis Senones qui sera finalement réinvestie, et conservée.

Coupées en deux par une ligne qui va bientôt se fortifier de manière inexpugnable, nos vallées vont vivre deux visages de guerre, fébriles et résignés mais combien inégaux dans la misère ! Moussey, Belval, le Saulcy, le Mont, la Petite-Raon, Senones, Vieux-Moulin, le Puid, le Vermont, Grandrupt, Saint-Stail, Ménil-de-Senones, Châtas et plusieurs hameaux du Ban-de-Sapt vont être inexorablement enferrés sous une chape de plomb. Interdisant les déplacements ou les correspondances, multipliant les réquisitions et les pillages, les Allemands vont dès lors organiser avec une extrême précision la vie économique et administrative. Des chemins de fer militaires maillent les forêts d’exploitation, les usines sont démontées, toute matière première pouvant être récupérée est collectée, la circulation monétaire est réformée et toute velléité de contestation est sévèrement réprimée par l’amende, la prison ou la déportation. Ainsi, les civils vont payer un lourd tribut à quatre années de joug, sous les brimades et les privations qui constituèrent un quotidien particulièrement éprouvant. Car les populations ne furent pas immédiatement déportées malgré la proximité du front, exception faite de quelques indigents grevant par trop l’économie ténue des communes ou des habitants de hameaux d’importance stratégique majeure comme au Ban-de-Sapt.

Sur le plan militaire, chaque armée a donc pris position sur son secteur tout le mois d’octobre 1914 et son premier soin est d’y organiser des tranchées, des places d’armes, d’améliorer des voies d’accès et même, pour les Français, d’esquisser une deuxième ligne de défense derrière la Meurthe. Les hommes s’enterrent, creusent et bâtissent, se forgeant une première cuirasse de terrassements qui fait naître des sapes et des boyaux, pendant que des patrouilles de chaque camp tentent d’empêcher l’autre d’œuvrer. Il en est ainsi sur tous les sommets, que l’on cherche à conquérir pour améliorer les positions. La Roche Mère Henry, la Forain, la Fontenelle ou l’Ormont deviennent des forteresses naturelles où vont se dérouler de sanglantes tragédies.

La lutte pour la cote 627 : La Fontenelle

La cote 627 est à la fois un bastion et un observatoire.

C’est un bastion en effet, parce qu’elle défend les approches de la vallée de la Meurthe par le col de Robache et la vallée du Hure, et c’est également un observatoire, car grâce à elle, nous avons des vues sur toute la contrée au sud et au sud-est du Rabodeau jusqu’à la crête frontière. La carte d’état major montrera que la hauteur de la Fontenelle commande le carrefour de 3 routes importantes :

– Raon l’Etape / Etival / Saales par le col du Las

– Saint Dié / Senones par le col de Robache

– Moyenmoutier / Provenchères par le col d’Hermanpère »

Dès 1914, la Fontenelle devient un lieu disputé par les deux armées.

La Fontenelle haute de 627m, est encadrée par deux hauteurs stratégiques : l’Ortomont (700m) et le bois des Faîtes, qui domine à plus de 700m.

Vers la fin du mois de novembre 1914, l’organisation de la cote 627 comprend un blockhaus central situé au sommet et relié par des boyaux à une succession de tranchées.

Début décembre 1914, les deux adversaires bien en place entament les hostilités.

L’hiver 1914 – 1915 se déroule en attaques partielles, coûteuses en hommes et en matériel, pour gagner quelques mètres de tranchées ou un abri bétonné, alors que décembre inaugure un nouveau genre de tuerie : la guerre des mines. Elle consiste à percer des galeries souterraines, s’enfonçant sous les lignes ennemies puis à creuser des chambres que l’on va bourrer d’explosifs. L’explosion donnera en surface des entonnoirs pour lesquels chaque belligérant se battra afin d’en occuper les rives tournées vers l’ennemi et de gagner ainsi quelques mètres de sol ravagé. La Fontenelle illustrera le paroxysme de cette guerre de taupes, inutile et meurtrière.

En effet, de ce côté, la cristallisation du front de fin septembre 1914 donne la Fontenelle, la cote 627, Fayémont et Gemainfaing aux 23ème et 133ème R.I. français alors que Launois et Laître restent aux mains des Allemands, désireux de conquérir 627. Le 22 juin 1915, trente batteries lourdes et au moins autant de batteries légères tirent 12 000 projectiles sur le 23ème R.I. qui cède sous l’avalanche. 627, devenu volcan, est enlevé. Devant cet échec et parce que tout terrain perdu doit être immédiatement reconquis, la contre-attaque française est déclenchée dès le 8 juillet. Elle fera 600 prisonniers, dont 21 officiers de la 30ème division bavaroise, et la Fontenelle ne sera plus jamais allemande.

La guerre des mines

Le 10 avril 1915 : « à 18h30, 2 explosions bouleversent les 2 points de la tranchée avancée.

Les dispositions de combat sont à peine prises que les allemands font irruption dans l’ouvrage, bousculent les défenseurs à coup de grenades.

En même temps, ils dirigent un très violent bombardement sur le village de la Fontenelle ; des obus atteignent le poste de commandement et détruisent le magasin du génie et le poste téléphonique. Pendant les courts instants qui séparent l’explosion de l’arrivée des sections de réserve, l’ennemi a pu se répandre dans l’ouvrage et atteindre la deuxième ligne, mais une lutte, pied à pied, très énergiquement poursuivie pendant la nuit, nous permet de le refouler. »

 

Le 22 juin 1915 :

« De formidables explosions ébranlent l’air. Les allemands ont fait sauter 3 mines ; la tranchée couverte est détruite sur une cinquantaine de mètres. Aussitôt après, un bombardement intense commence : une trentaine de batteries de gros calibre crachent leurs projectiles sur les positions de la cote 627 et le village de la Fontenelle. Les résultats de ces tirs, des plus précis, sont terribles. Les boyaux sont entièrement comblés, les tranchées écrasées et les abris pulvérisés. Les communications n’existent plus et on ne saura désormais ce qui s’est passé que par les survivants. »

 

Le village de la Fontenelle est en feu. La cote 627 a disparu complètement dans les flammes et la fumée des explosions.

Vers 17h à la cote 627, l’artillerie ennemie commence à allonger son tir. Une demi heure après, les fantassins allemands se présentent devant ce qui reste de nos défenses. Ils n’ont pas à craindre nos mitrailleuses, elles sont toutes détruites ou enterrées. Quand à la garnison, sous ce bombardement effroyable évalué à environ 12000 projectiles, elle a perdu la moitié de son effectif. Mais les soldats du 23ème qui la constituent résistent avec un acharnement sans égal. »

En attendant les renforts, nos soldats se maintiennent fermement et rejettent même les allemands des maisons de la Fontenelle où ils avaient réussi à pénétrer. La consigne est de résister coûte que coûte.

Les 22 et 23 juin 1915, les combats nous coûtent cher, en dehors du terrain gagné par l’ennemi, ce sont les pertes humaines : 596 tués ou disparus et 542 hommes hors de combat.

Néanmoins l’adversaire payait également cher son succès : 2 compagnies allemandes furent complètement anéanties.

 

Le 8 juillet, dés l’aube naissante, toutes les troupes sont installées dans leurs places d’armes respectives.

A 15h15, la préparation d’artillerie commence. En quelques instants, les positions allemandes ont été transformées en cratères volcaniques. Notre tir est d’une précision absolue.

Pendant 3h45, nos canons, dans un bruit de tonnerre, martèleront, écraseront, sans une seconde de répits, les ouvrages ennemis.

A 18h58, notre infanterie bondit hors de ses positions avec une clameur immense, devançant de 2 minutes l’heure fixée pour l’attaque.

Au lever du jour, non seulement la totalité de la hauteur était reprise, mais encore l’ensemble de l’organisation défensive allemande jusqu’à la route Launois Moyenmoutier était tombé entre nos mains.

9 juillet 1915, maintenant il s’agit d’organiser le terrain conquis et le plus rapidement possible. Il est certain que 1’ennemi ne voudra pas demeurer sous le coup de ce sanglant échec et il le montre en inaugurant un inlassable bombardement de nos lignes.

16 juillet 1915, depuis notre victoire, l’ennemi n’a cessé de couvrir de projectiles la Fontenelle et ses abords, dans l’espoir d’entraver les travaux entrepris sur nos nouvelles positions. Les pertes sont lourdes mais chaque attaque sera repoussée.

« Grâce à la rapidité de l’exécution et à l’appui efficace de l’artillerie, nos pertes étaient légères et s’élevaient à moins du quart de celles de l’ennemi « , c’est en ces termes que le Journal Officiel du 18 juillet 1915 rend compte des résultats de cette brillante affaire qui, non seulement nous rendait la cote 627, mais également nous élargissait notablement nos positions du Ban de Sapt ».

A partir du 25 juillet 1915, la hauteur de la Fontenelle ne connaîtra plus l’occupation allemande ; elle sera, certes, l’objet de représailles de l’artillerie adverse, mais ne sera plus reconquise.

 

Ce texte est tiré de « la guerre dans les Vosges » du Capitaine Ernest Dupuis.La décision de chasser l’ennemi une fois pour toute de la hauteur de la Fontenelle fut prise le jour même de cette douloureuse épreuve.

Le 26 juin, l’ordre est venu de l’armée de préparer immédiatement la reprise de la Fontenelle. La tâche est terriblement dure, car depuis que les allemands sont installés à la cote 627, c’est un bombardement ininterrompu des approches de la Fontenelle. Leur tir, admirablement réglé, fouille en outre la vallée de la Meurthe, atteint les cantonnements, les carrefours des routes, les gares de ravitaillement, autant de points sur lesquels ils n’avaient auparavant que des vues limitées. Et ces bombardements perpétuels, au lieu de peser sur le travail de nos hommes, semble au contraire l’accélérer davantage. Plus ils sentent les obus allemands de gros calibre les asperger de leurs éclats, plus ils sentent qu’une solution unique mettra fin a cet arrosage méthodiquement meurtrier : la reprise de la Fontenelle

La roche Mère Henry

Sur les hauteurs de Senones, une masse rocheuse surmonte la vallée.

La Roche Mère Henry (cote 671) est un point tactique important puisqu’il contrôle le carrefour de tous les chemins permettant de passer de la vallée de la Plaine à celle du Rabodeau.

Les Allemands ont accumulé des moyens de défense importants sur ce point culminant.

Le 31 octobre 1914, l’infanterie française reçoit l’ordre d’attaquer la Roche Mère Henry, et le lieu-dit des « 4 bancs».

Le 19 novembre, le blockhaus allemand barrant le sentier de crête est détruit et la position française sera maintenue malgré la perpétuelle avalanche de torpilles et d’obus.

De 1915 à 1918, l’ensemble du front dans le canton de Senones se borne à des attaques partielles. Les combats de détails dans ce secteur, qualifié de « calme », formeront dès lors le terrain de jeu des corps francs chargés de faire des prisonniers. Dès les premiers mois de 1918, les Américains viendront ici « apprendre la guerre », épaulés par d’autres soldats de tous horizons, comme des Polonais ou des Indochinois venus défendre la terre vosgienne.

Fin septembre 1918, une effervescence inquiétante règne dans le bas des vallées, comme dans la commune de Moyenmoutier où l’on démonte les tuyaux d’orgue de l’abbaye. Craint-on une nouvelle invasion de l’ennemi ? Non, l’état-major franco-américain a programmé une dernière offensive, celle de la libération du territoire, le 14 novembre 1918. Elle n’aura bien sûr pas lieu, l’effondrement allemand intervenant aux premiers jours de ce mois inoubliable.

Dans les communes envahies, peu d’habitants verront les dernières heures d’une armée allemande vaincue sur tous les fronts. Le canton ne comptera plus au 11 novembre 1918 que 1 329 habitants sur les 15 524 recensés en 1911. Senones ne possède plus à l’Armistice que 200 habitants, Ban-de-Sapt 17, Châtas 8 ! Les autorités allemandes étant parvenues à négocier une évacuation progressive des communes envahies jusqu’au 17 novembre, les envahisseurs quittent nos villages sans combat et sans gloire.

Un bilan tragique

Après les bombardements de la bataille des frontières, l’occupation courte mais terrible de l’été 14, les raids d’aviations et les luttes sporadiques des artilleurs, la Grande Guerre dans le canton de Senones et les villages du bord de Meurthe, laisse des communes meurtries, désorganisées, ravagées. Les bâtiments industriels sont dévastés, les demeures mutilées, les champs ruinés, incultes sans d’immenses travaux de remise en état, les forêts mitraillées, les voies de communication bouleversées, les populations démembrées, éparpillées. Les villes libres ont été soumises aux dégradations des troupes alliées, au marasme économique et à une augmentation des délits dus à une pauvreté croissante des habitants restés sans emploi sous le feu.

 

Le 16 novembre 1918, les troupes françaises font leur entrée dans Senones en ruines. Maisons, usines… tout est à reconstruire.

Les habitants regagnent progressivement le secteur.

 

Le bilan matériel est exorbitant. Le canton de Senones compte 2 274 immeubles détruits ou endommagés sur 3 226 soit 70,5 %. A Vieux-Moulin, Ban-de-Sapt, Ménil-de-Senones, le Mont, Saint-Jean-d’Ormont ou Saint-Stail, aucune maison n’a été épargnée par la guerre.

 

Le bilan humain n’est pas moins terrible. Les trois nécropoles nationales de Senones, Ban-de-Sapt et du col de la Chipotte regroupent 5 629 corps de combattants de toutes nationalités mais combien de soldats, de prisonniers civils ou militaires demeurent sous les fougères ou au creux de rochers moussus, combien de héros inhumés sans être relevés sont encore présents sous les sapins des bois du Grand Fays, du Palon ou de la Roche Mère Henry, oubliés à jamais à l’injure du temps ?

Après-guerre, nos cités se remettent doucement au travail, malgré les difficultés pour trouver main-d’œuvre et matières premières afin de se reconstruire matériellement, économiquement mais aussi moralement. Elles accueillent petit à petit les évacués puis voient rentrer leurs soldats, valides ou non, tous traumatisés par quatre années de boucherie sans nom. La reconstruction sera lente et ardue et toutes les cicatrices ne se refermeront pas. La Grande Guerre laissera, dans les Vosges comme dans tous les pays belligérants, un traumatisme incurable de rancœurs, de misères, de deuils et de dévastations, ferments qui démentiront deux décennies plus tard le vœu des poilus survivants ; elle ne sera pas la « der des ders ».

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Les Blockhaus

Jusqu’en 1916 le grand quartier général français va rester obsédé par la conquête de l’Alsace.

En revanche, l’état major allemand considère que les Vosges et l’Alsace constituent un point secondaire qu’il faut tenir avec des effectifs limités. C’est pourquoi les allemands vont aménager de puissantes positions bétonnées qui constituent de véritables fortifications de campagne.

La croix du Mont Pelé

Le 19 novembre 1914 : pour consolider leurs positions, les Français vont décider une nouvelle opération, la prise d’un puissant blockhaus allemand barrant le sentier de crête. Le 19, donc, attaque du blockhaus allemand qui fut, au préalable, évacué par ses occupants, et investi par la 24ème compagnie. Face à une situation précaire, les français décidèrent de la faire sauter.

Cette attaque image ce que va être 4 années durant la guerre là où nous la trouvons. Des attaques partielles, coûteuses en hommes et en matériel, pour gagner quelques mètres de tranchées ou un abri bétonné. En effet, dans les mois qui suivirent, le béton fit son apparition du côté allemand et les travaux réalisés de nuit (mineurs et ouvriers venus spécialement d’Allemagne) vont s’intensifier non seulement sur la ligne de front, mais aussi sur près de 20 km en arrière. C’est la position fortifiée du DONON (Les Escaliers de !’Empereur).

Au Monument Sartorio

Au cours de l’année 1915, toute la crête et plus particulièrement le cote 651 (le mont Pelé) subit de violents bombardements notamment le 24 mai 1915 : à l’occasion de l’entrée en guerre de l’Italie, en réponse aux manifestations de joie de nos troupes.

Le monument fut érigé sur l’ordre du Lieutenant Colonel Do Hu Chan. C’est avant tout l’oeuvre d’Antoine SARTORIO. Ce monument est élevé là où se trouvait le cimetière provisoire français.