La guerre de trente ans

La guerre de Trente Ans est une série de conflits armés qui ont déchiré l’Europe du 23 mai 1618 au 15 mai 1648.,. Ces conflits vont opposer le camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint-Empire, soutenus par la papauté, aux États allemands protestants du même Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante, Provinces-Unies et pays scandinaves, ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant chez elle contre les protestants, entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen.

 

La Lorraine, qui est alors un petit duché indépendant encerclé par ces puissants et belliqueux voisins, va évidemment faire les frais de ce conflit à la fois religieux et politique. Après quelques années de sursis, dues à la stricte neutralité dont a tenu à faire preuve le duc Henri II, son successeur, l’impétueux Charles IV, précipite ses Etats dans une guerre épouvantable. Mercenaires allemands, suédois, croates et espagnols entrent en Lorraine et ravagent littéralement la région. La France n’est pas en reste. Bien que « fille aînée de l’Eglise », elle s’est rangée aux côtés des Protestants pour tenter de récupérer, en Lorraine, en Alsace et en Franche-Comté, quelques kilomètres carrés de territoire qui devraient lui permettre, à terme, d’étendre son influence jusqu’au Rhin. De sièges mémorables en occupations déplorables, celle-ci parvient d’ailleurs, au cours du conflit, à prendre peu-à-peu pied en Lorraine, en obligeant le Duc Charles IV à signer quelques honteux traités et en allant jusqu’à le forcer à l’abdication. Charles V et la noblesse lorraine partent alors outre-Rhin et mettent leurs épées et leurs compétences au service de l’empereur.

Avec moins de bras pour cultiver les champs dévastés, les combats ont entraîné la famine, qui a elle-même favorisé le retour de sombres épidémies, comme la peste, le choléra et la tuberculose. Au total, les batailles, les famines, les massacres et les maladies ont provoqué plusieurs millions de morts, tant civils que militaires et on estime que, dans certaines parties du duché comme ici dans le Pays de Salm, la population a diminué des deux tiers : des villages entiers ont disparu avec leurs coutumes, leurs savoir-faire et leurs industries ou artisanats.

Si cette « guerre civile européenne » a lourdement pesé sur la démographie et l’économie des États allemands, de la Lorraine , la Franche Comté et l’Alsace actuelles, elle assoit l’hégémonie de la France, qui s’épanouit davantage encore sous Louis XIV.

En effet les traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre offrent à la France les territoires des évêchés de Metz, Toul et Verdun et un tiers de la plaine d’Alsace. La Lorraine reste alors occupée par la France qui permet seulement en 1697 au duc de Lorraine Léopold 1er de revenir dans ses états.

Mais elle reste un enjeu entre ses deux voisins. Finalement, les conventions de Vienne permettront le mariage du duc François III avec Marie-Thérèse d’Autriche et confieront la Lorraine en viager à Stanislas Leszczynski ancien roi de Pologne mais surtout beau-père de Louis XV.

A sa mort, en 1766, la Lorraine devient française.

Pour en savoir plus

Philippe Martin, une guerre de Trente Ans en Lorraine 1631-1661 ed Serpenoise 2002